Cette période est marquée à Pleumartin par l’arrivée de réfugiés évacués de la Moselle et la mise en place de la ligne de démarcation.
Quand la guerre éclate, les habitants de Hargarten-aux-Mines sont évacués en septembre 1939. Leur exode dure 8 jours : ils arrivent à la gare de Pleumartin et par la route d’Archigny qui se nomme désormais avenue de Hargarten.Ils étaient environ 800 y compris le maire, le curé et l’instituteur. Ils ont été installés dans les écuries à «la basse cour» et dans le château de Pleumartin. Peu à peu, les Pleumartinois commencent à les héberger.La moitié des gens d’Hargarten sont retournés dans leur village en octobre 1940: environ 400 d’entre eux sont restés à Pleumartin jusqu’en août 1945.
D’après Pleumartinfos de juin 2016.
L’école communale d’Hargathen est également transférée à Pleumartin. Elle continue de fonctionner tant bien que mal.
Les réfugiés sont soumis aux mêmes contraintes que les locaux.
AVIS AUX RÉFUGIÉS La Radio française a diffusé l’avis suivant :
« Le ministre de l’intérieur met en garde le public contre tous renseignements qui ne seraient pas donnés par le ministère de l’intérieur (secrétariat général des réfugiés.). C’est, ainsi, notamment, que des cartes publiées par certains journaux indiquant les points de passages routiers de la ligne de démarcation, contiennent des indications inexactes et qui ne peuvent entraîner que le désordre dans le rapatriement. Il est souligné que les points de passage subissent des modifications Incessantes et ne peuvent faire l’objet de communications systématiques par la radio et par la presse. Les réfugiés trouveront auprès de l’autorité militaire la plus proche les renseignements exacts qui leur seront nécessaires. »
in L’Écho, grand quotidien d’information du Centre Ouest 1940-08-04
En effet, pendant la Seconde Guerre mondiale, la commune est coupée en deux par la ligne de démarcation selon un axe nord-est/ sud-ouest. « Cette ligne partageait la France en deux, la Vienne en deux et notre commune, même notre bourg, en deux zones, séparant parfois les bâtiments et les terres de certaines fermes », allocution d’Éric Bailly, maire de Pleumartin le 27 mai 2017.
La ligne se matérialise par des poteaux en bois tous les 100 à 150 mètres. Des postes de contrôle permanents allemands sont aménagés aux croisements de la ligne. Les soldats de la Wehrmacht contrôlent les passages jusqu’en octobre 1941 (mobilisés par le front russe). Ils sont remplacés ensuite par des douaniers.
Cette « frontière » a marqué la vie de la commune en divisant des familles et en bouleversant l’organisation de la vie quotidienne. Pendant cette période, de nombreux habitants ont fait preuve de bravoure et de courage exemplaires, souvent au péril de leur vie ou de celle de leurs proches, soit pour faire passer des clandestins, du courrier, des marchandises ou même pour échapper aux rafles comme en atteste des témoignages:
« Lors de l’arrestation de sa femme et de sa fille, monsieur Bruneau réussit à se sauver. Caché par M. Pilot, maire de Pleumartin, il revint à Archigny trois mois plus tard. » (Annette Brionne, née Boisson, le bourg, Archigny, 2012).
« Le bourg de Pleumartin était coupé en deux, mais la plus grande partie était en zone libre. À l’entrée du bourg, route de Châtellerault, il y avait un poste installé dans la grange à Pagot, près du cimetière. Au pignon il y avait une croix gammée et à un mât le drapeau allemand. La ligne faisait le tour de la cour du château et remontait sur Russais. La ligne a été déplacée, le maire d’Hargarten, commune accueillie par Pleumartin, a réussi à la faire déplacer car avant elle passait dans le bourg et ça causait des problèmes administratifs. Monplaisir était en zone occupée et dépendait administrativement de Leigné-les-Bois où on allait chercher les tickets. On passait par les Faguets ; la Kommandantur était au Grand Village. Pour aller à Pleumartin, de Monplaisir, il fallait passer par le Chêne du Grand Crin, puis au Grand Village. La route de Pleumartin était barrée avec des barbelés au niveau du virage, avant la ligne droite menant à l’entrée du bourg en venant d’Archigny ». (Camille Robin, Pleumartin, 2012)
Extraits du site Archigny.net « 39-45 »
Le 11 septembre 1944 le sous-préfet du Blanc Christian Delaballe dresse un bilan du passage dans son arrondissement des troupes allemandes en retraite[…] Le 28 août, des éléments allemands arrivèrent à Tournon-Saint-Martin, venant d’Angles-sur-l’Anglin. C’étaient les premiers détachements des éléments considérables ennemis, venant du sud-ouest, qui tentaient de rejoindre la frontière allemande et devaient passer presque sans interruption dans mon arrondissement, du lundi 28 août au mercredi 6 septembre. […] J’ai l’honneur de vous rendre compte que, dès que la situation l’a permis, le 9 septembre courant, j’ai parcouru longuement toutes les communes et hameaux qui avaient été traversés par les colonnes allemandes en retraite. […] Cependant, sur tout l’itinéraire, on remarque de nombreuses traces du dépit des Allemands : fermes brûlées, arbres fruitiers coupés, etc. Des véhicules incendiés, des caisses de munitions abandonnées, des cadavres allemands jonchaient encore les routes lors de mon passage.
La fureur des Allemands s’était plus particulièrement fait sentir Sur l’itinéraire suivi par une division hindoue (Martizay, Saint-Michel-en-Brenne, Mézières-en-Brenne, Vendoeuvres) ; Dans le petit village de Sainte-Gemme, plus qu’à moitié détruit par l’incendie.
(source : Archives départementales de Indre, M 2775 )
En 1944, la marquise Ida Ysoré de Pleumartin remet à l’église de Pleumartin une très belle staurothèque. Cet objet a été classé parmi les monuments historiques par un arrêté du 20 janvier 1966. Le reliquaire est accompagnée de la note suivante : « Relique de la vraie Croix … Donnée à l’église de Pleumartin par Ida Ysoré de Pleumartin-Herbault, marquise de Triquerville en 1944″ .
En mai 2017, une plaque pédagogique a été inaugurée sur le mur du cimetière par l’association Devoir de mémoire et du souvenir avec la Fondation de la France libre. Elle explique aux générations futures ce qu’a été cette ligne de démarcation et cette période troublée.
Pour conclure, la Seconde Guerre mondiale et le tragique épisode de l’exode sont à l’origine des liens qui unissent à jamais Poitevins et Mosellans.