Henri Auguste Doucet est né à Pleumartin le 16 décembre 1883 et tué à Hooge en Belgique au 32ème R.I le 5 mars 1915.
Henri Doucet est un peintre moderne ami de Modigliani et Gleizes mort au front en 1915.
Dès 1948, Marc Sandoz, conservateur des musées de Poitiers, s’était intéressé au peintre, personnalité artistique des plus attachantes et dont la carrière fut brutalement interrompue par sa mort sur le front en mars 1915. Il lui avait alors consacré une exposition rétrospective, obtenant de Charles Vildrac, ami et biographe de l’artiste, le don de trois de ses toiles : Les vendangeuses (1912, inv. 948.54.1), La route en hiver (1911, inv. 948.55.1), et Le repas (1912, inv. 948.55.2). Deux ans plus tard, Madame Pamela Diamand, fille du critique d’art, peintre et érudit Roger Fry, offrait un projet de tapisserie.
Malgré cet intérêt précoce, suscité par l’origine géographique du peintre, né en 1883 à Pleumartin près de Châtellerault, son oeuvre est resté injustement méconnu. Sa courte carrière l’amena pourtant à fréquenter les avant-gardes, et ses toiles témoignent d’un talent certain. Après une formation à l’École des Beaux-arts, dans l’atelier de Gérôme puis de Gabriel Ferrier, de Jean-Paul Laurens et enfin d’Henri Martin, il entreprend en 1905 un voyage en Italie qui le fait passer par Saint-Tropez où la technique néo-impressionniste de Paul Signac le séduit. Il fréquente le groupe de l’abbaye de Créteil, l' » Association fraternelle d’artistes » créée en novembre 1906, qui l’amène à exposer à deux reprises, aux côtés notamment de Gleizes et de Brancusi. Dès 1907, il participe au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants. L’influence de Cézanne et des cubistes est alors sensible dans son travail.
Son amitié avec Roger Fry le conduit à Londres où, en 1912, il figure dans une exposition aux Grafton Galleries, Second post-impressionist Exhibition, et où il travaille pour les Omega Workshops fondés par Fry. En 1913, il bénéficie de commandes de décors de théâtre. En 1914, il s’installe à Villeneuve-lès-Avignon où il peint de nombreux paysages. Bien que non mobilisable, il s’engage dans l’infanterie à la fin de l’année, et meurt près d’Ypres le 5 mars 1915.
Ses contemporains lui rendent hommage:
J’ai passé le mois de juillet 1914 à Villeneuve-lès-Avignon, auprès du peintre Henri Doucet, très cher ami de ma jeunesse. De jour en jour, l’anxiété gagnait la France et jusqu’à notre retraite. Nous faisions de longues promenades à travers le « Montagnet » en devisant avec passion sur les grands événements qui se fomentaient dans le monde. Doucet était un pur artiste, admirablement doué, un individualiste anarchiste, un esprit paradoxal comme beaucoup d’intellectuels. […] Je dois ajouter que notre Henri Doucet était alors, pour des raisons de santé, libre d’obligations militaires. Il s’est engagé, dès le début de la guerre. Son temps d’instruction fini, il est parti pour le front et. il a été tué devant Ypres en mars 1915. Je pense à Doucet chaque jour. Ma maison est encore pleine des œuvres de ce jeune et charmant génie, de ce génie qui n’ a pas eu le temps de fleurir et de fructifier.
In La Voix du combattant 1938-12-10
Vers 1907, Henri Doucet adhère à une communauté d’artistes dans une villa de Créteil en bords de Marne au début du XXe siècle. A l’écart de l’agitation parisienne, cette « Abbaye” participe pleinement à la naissance de la modernité artistique avec des artistes devenusillustres: Charles Vildrac, Georges Duhamel, René Arcos, Albert Gleizes… Il fait des portraits, en particulier ceux de Duhamel et Vildrac et expose à Créteil ses paysages de Venise, ses idylles champêtres.
La ville de Créteil conserve un témoignage de ce passage à travers le nom donné à une rue. Elle est tracée à travers les lieux-dits « les Timons », le « Champ des chiens » et « les Clavisis », est située entre les rues René Arcos et de Brie (533 m), dans le quartier du Mont-Mesly.
En 2007, elle consacra une exposition dédiée aux artistes de l’Abbaye avec la publication d’un fascicule.
Sa mort inspirera à Charles Vildrac l’un de ses plus beaux poèmes “Elégie à Henri Doucet” ( Chants du désespéré 1920).
Pour aller plus loin,vous pouvez visiter le site des Poilus de la Vienne