Au 18ème, Pleumartin est redevenue le siège fiscal de l’impôt sur le sel, que l’on nommait la gabelle (un très vieil impôt sur le sel). Le Poitou était alors une province libérée de cet impôt où le sel coûte 10 fois moins cher que la Touraine. C’est à cette époque que fut rétabli le grenier à sel, situé près de la place et des halles qui occupaient une place importante dans la vie quotidienne des habitants. Dans les pays rédimés comme en Poitou, le sel était stocké dans des « dépôts». Les habitants de ces pays étaient tenus de prendre le sel au dépôt dont ils ressortissaient mais ils pouvaient obtenir une permission (le passavant) pour acheter leur sel dans un autre dépôt. Dans les confins de notre région, les limites étaient bien fragiles entre la Touraine et le Poitou. Les conflits étaient permanents et le pays constamment parcouru par les brigades à la recherche des fraudeurs ; les
« gabelous », de jour comme de nuit, pouvaient fouiller indécemment les dames autant que les maisons.
En 1728, suite à un arrêt Conseil d’État, le grenier à sel installé à la Puye est ainsi transféré à Pleumartin: »que ledit dépôt fera transféré & rétabli dans le bourg de Plumartin […] Que ce changement feroit d’autant plus avantageux aux ressortissants audit dépôt, qu’ils font beaucoup plus éloignez du humeau de la Puy, que du bourg de Plumartin qui est presque dans le centre de toutes les paroisses qui le composent; que d’ailleurs le hameau de la Puy, qui est presque à l’extrémité du ressort, en un lieu désert, environné de bois, qu’on ne peut traverser avec sûreté; qu’il ne s’y tient aucun Marché, ni Foire pendant le cours de l’année et que ceux du ressort qui y vont prendre leur Sel, sont contraints d’y porter des vivres, du fourrage pour les bestiaux […] le dépôt étant rétabli dans le bourg de Plumartin, ils feront non seulement plus à portée d’y lever le Sel nécessaire à leur consommation et d’y faire le débit de leurs denrées les jours de Marché et de Foire qui s’y tiennent mais y trouveront encore les choses nécessaires à la vie, ce qui ne peut leur être que très utile. »
La copie numérisée par la BNF est disponible en ligne.
Généralement le grenier à sel est une maison sommairement aménagée, avec un bureau pour la comptabilité et les nombreux litiges, un local servant de chambre d’audience et le grenier proprement dit où le sel, déposé au rez-de-chaussée par masses soigneusement pesées, était distribué aux particuliers. Ce qui suppose tout un matériel, propriété de l’adjudicataire : une trémie, parfois deux, avec soupapes et grilles en cuivre, échelle pour y monter, une grande balance à fléau de fer et plateaux en chêne, escabeau ; et puis tous les ustensiles habituels : chevalets et croix pour supporter les mesures (minots, quarts et demi-quarts), poids en fonte (d’un quart de livre à 50 livres), la rade pour araser la mesure dans le minot, les tranchets, pelles, etc., sans oublier les bancs, les chaises, la table, les registres, les portes à trois clés et au mur, parfois, un tableau religieux pour surveiller le tout…
in GORRY J.-M. – Les ressorts de juridiction des greniers à sel sous l’Ancien Régime, in : Zadora-Rio É. (dir.) -Atlas Archéologique de Touraine, 53e Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, FERACF, Tours, 2014.
L’ancien grenier se trouvait à l’emplacement d’une maison construite au XIX ième siècle (ancien café des halles).