La reconstruction et la réhabilitation de la halle de Pleumartin
Un peu d’histoire…
En 1652, les terres de Pleumartin sont élevées au titre de Marquisat. C’est alors qu’est construite une halle, constituée de cinq fermes avec un toit à deux pans.
Puis une trentaine d’années plus tard, deux coupes y sont ajoutées, de deux fermes chacune, lui donnant un toit à quatre pans aux dimensions généreuses (26 mètres X 12,50 mètres). Quarante piliers de chêne sur des dés de pierre supportent alors l’édifice.
La halle héberge les foires et marchés.
Bien que l’on connaisse assez mal le déroulement des marchés et des foires le seigneur de Pleumartin semble posséder un droit de fermage sur les halles, en 1690 : « Georges Yzoré, chevalier, seigneur ; marquis de Pleumartin, la Roche-Posay […] a affermé pour le temps et espace de trois années consécutives […] a commencer au jour et fête de Pentecôte
prochaine pour finir à même et pareil jour, à René Lemerle Sieur de la Forest, marchant demeurant au bourg de Pleumartin. […] C’est à savoir la basse coustière de la halle dudit Pleumartin à prendre par le dessus du côté et vis à vis le portail du château, l’espace de quatre ponteaux sous la dite basse pane, pour y vendre vin et négocier autres marchandises que bon lui semblera à l’uzage de cabaretier le jour des foires […] la présente ferme faite pour le prix et somme de trente sols payable pour chacun an jour et fête de la Pentecôte ». (1) La gestion de l’emplacement des vendeurs ainsi que la tarification des places relèvent du Marquis de Pleumartin ou de ses ayants droits. Pour percevoir les redevances, le seigneur afferme les halles à des marchands pour une durée de trois à cinq ans. Les foires se déroulent aussi bien sous les halles que devant et derrière, mais également sur la place publique.(1) Archives Départementales de la Vienne , transcription M. Robert Ducluzeau
A la fin du XIXe siècle. La halle présente alors de nombreux signes de vétustés qui font craindre pour la sécurité des marchands.
En 1898, la Commune décide de l’acquérir pour la revendre et la démolir. Cette époque voit également s’accroître la prospérité et le développement des foires à bestiaux. On a alors le souci d’adapter la place à cet état de fait. La mairie, au centre de la place est elle aussi rasée vers 1920 pour être reconstruite en périphérie.
La halle est rachetée par un propriétaire terrien pour être démontée. On évite ainsi que les éléments ne soient dispersés dans différents ouvrages de charpente. L’acheteur la rebâtit dans une commune voisine pour devenir une grange à fourrage.
Elle est alors ceinturée de murs, les piliers sont enlevés et deux grandes portes sont ouvertes symétriquement sur les grands côtés, supprimant ainsi une ferme pour réaliser des chiens assis.
En 1997, la propriété est vendue. Son nouveau propriétaire, non agriculteur, devant les travaux de couverture nécessaires, et ayant pris connaissance de l’histoire du bâtiment, décide de proposer gracieusement la structure à la Commune de Pleumartin.
Après quelques années, le projet de réhabilitation est monté et financé.
La halle est réimplantée sur la place du bourg à quelques mètres de son lieu d’origine, ouverte aux quatre vents.
Les travaux de réhabilitation ont eu le souci de ne pas effacer les traces de l’histoire.
A l’automne 2003, la halle présentait une couverture dans un état relativement médiocre.
La tempête de 1999 avait causée de nombreuses infiltrations d’eau. Les petits éléments de charpente étaient irrécupérables pour la plupart, par contre tous les piliers et les gros éléments pouvaient être conservés.
Les piliers avaient été allongés vers 1900, d’environ un mètre, ils ont désormais retrouvé sensiblement leur taille initiale. La halle présente un faîtage d’environ 10 mètres.
L’ensemble a été démonté pièce par pièce, après avoir été découvert (50% des tuiles récupérables).
En février 2004, chaque pièce a été notée et toute la structure a été acheminée en atelier.Les charpentiers de la société DEWITTE ont réparé, remplacé, recréé tous ces éléments aux côtes définies avec l’architecte, au plus près de l’original puisque nous ne disposons d’aucun élément précis.
Le laboratoire de dendrochronologie de Besançon procède alors à des prélèvements de bois pour réaliser la datation de la halle.
Celle-ci permet d’établir sa date de construction vers 1650, recoupant les éléments d’archives de la deuxième moitié du XVIIe siècle en notre possession
Pendant cette période de préparation de la structure en atelier, le terrassement est réalisé et les dés sont mis en place. Quatorze d’entre eux sont d’origine, les autres ont été taillés dans la pierre du pays. La structure s’élève sur la place pendant le mois de mai, ferme après ferme, jusqu’aux poinçons.
Des dizaines de chevilles d’acacia façonnent cette cathédrale de bois.
Un voligeage en châtaigner est réalisé sur les chevrons de chêne. La couverture est achevée fin juin.Le complément de vieilles tuiles est fourni par l’entrepreneur.Des caniveaux en pavés ceinturent l’édifice. Au sol, un béton désactivé avec des éléments grossiers rempli les neuf espaces séparés par les mêmes pavés.
Un équipement d’éclairage direct et indirect et dans le sol termine le chantier en septembre 2004.
Le projet est resté dans l’enveloppe estimative pouvant être subventionné soit 311 000 € HT.
Le financement a été réparti comme suit :
Etat Dotation Globale d’Equipement
30 % 93 300 Euros
Fonds Européens Feder 35 % 108 850 Euros
Région Poitou-Charentes Contrat de territoire
4,2 % 13 097 Euros
Commune – Emprunt 30,8 % 95 753 Euros
La commune assume seule les frais de fonctionnement : l’éclairage, l’illumination nocturne et l’entretien régulier. Nous avons été surpris de l’intérêt et de la curiosité suscités par cette reconstruction.Au cours de l’été, on a pu noter un grand nombre de touristes s’arrêtant pour découvrir l’édifice.De nombreux témoignages d’encouragement ont salué la réhabilitation de la halle et plus particulièrement le travail des artisans intervenant sur le chantier.
Cet édifice est à la disposition de toute la population lors des manifestions festives ou autres.
Dès cette année, un marché de Noël a animé le lieu.
La halle entame donc une seconde jeunesse.
Cent ans après la disparition de son ancienne halle, Pleumartin inaugure donc le XXI siècle sur une renaissance…
Crédits photos: J.Besse et E.C.